Un dictionnaire de référence

Depuis l’avènement du numérique et de l’Internet, les informations, tout comme leurs sources, se multiplient. Cette masse de contenu, difficile à valider, rend l’information à la fois accessible et incertaine. Pour rechercher la définition d’un mot, quoi de plus facile que de le taper dans un moteur de recherche ?

L’internet pourrait signer la mort du dictionnaire ; et pourtant, il perdure. La nécessité d’une référence est toujours présente : un dictionnaire de langue française tel que le Robert est l’objet vers lequel on se tourne inévitablement pour une ultime vérification. Le Robert est une autorité, de même que l’Académie française qui norme les emplois et les usages de la langue ; mais il est également un instrument d’observation des mouvements de la langue française : il enregistre les emplois nouveaux, néologismes et variations de sens, et décide de ce qui n’est qu’un effet de mode ou véritable évolution de la langue. Face à la constante métamorphose de la langue parlée comme écrite, la notion de « référence » devient ambiguë, mais nécessaire ; elle doit se faire à la fois normative et attentive aux changements naturels propres à une langue vivante.

Son statut de référence est porté par les écrivains qui le chérissent. « Combien de fois ai-je rêvé d’un instrument de travail semblable ! Il est rare de voir un vœu de ce genre réalisé. » dira Pierre Benoit. Le Robert est devenu l'outil indispensable des écrivains et des amoureux de la langue française. Le Littré ne suffisait plus à rendre compte des évolutions contemporaines de la langue et de l'actualisation constante des références littéraires ; le Larousse a quant à lui sa spécificité propre : il s'agit d'un dictionnaire encyclopédique, qui de ce fait privilégie le contenu thématique et les exemples à l'étude du mot lui-même. Mais surtout, le renvoi analogique propre au Robert rend d'autant plus vivant le trésor que renferme le dictionnaire : il encourage le lecteur à feuilleter ces volumes de papier à l'infini, aussi loin que les associations d'idées le peuvent porter.

Né au XXe siècle, il garde son statut de référence au XXIe siècle, et prend place dans toutes les salles de classe aux côtés du Petit Larousse

Désormais, au sein de toute la francophonie, on finit par identifier le nom propre « Robert » avec le substantif « dictionnaire ». De cette façon, et un peu malgré lui, Paul Robert a découvert une nouvelle manière de gagner ses lettres de noblesse, en perdant son prénom pour acquérir un article, et ainsi devenir un nom commun, synonyme de dictionnaire.
 
Voir aussi
L'analogie
Un outil pédagogique
Les nouveaux mots